Tribout Henri (1917 – 1988)
Maréchal des logis, 1er Escadron, 2ème Peloton. Chef de char 59 / 10657. Equipier : Fernand Lemay.

Photo présumée d’Henri Tribout

Citation

Journal Officiel du 9 mars 1941

“TRIBOUT, maréchal des logis au 2e régiment de cuirassiers : chef de char de grand courage. Le 13 mai 1940, s’est battu avec acharnement contre plusieurs chars lourds ennemis qui assaillaient son peloton. A lutté jusqu’au bout sans reculer.”

L’avant-guerre

Henri Tribout naît à Malzeville le 14 novembre 1917. Son père décède en 1922 alors que Henri est seulement âgé de 5 ans. Son oncle Henri Tribout (même nom) sapeur au 10e génie est tombé glorieusement en Champagne le 27 mai 1917 à l’âge de 25 ans…

En 1940, Henri est au 2ème Cuirassiers. Le 11 mai il arrive à Merdorp (Belgique). Il cantonne dans la ferme d’Emile Vigneron et Germaine Belin. L’emplacement de cette ferme correspond au rond jaune sur la carte ci-dessous. Bien après les combats, les époux Vigneron remettent leur carte de visite à Marcel Janssen (camarade de peloton qui cantonnait dans la ferme cerclée en bleu) dans l’espoir qu’Henri Tribout revienne un jour leur rendre visite.

Baptème du feu

C’est donc à Merdorp que Henri Tribout et Marcel Janssen (faisant partie du peloton du S/Lt de Presle) vont connaître leur baptème du feu le 13 mai. Suivons un extrait du combat impliquant Henri Tribout, extrait issu du récit fait par Marcel Janssen dans le rapport que ce dernier rédige à l’attention du capitaine de Beaufort. Ce document est issu des archives du 2 Cuir (via SHD ou famille Touzet via Erik Barbanson).

Pendant ce temps, le S/Lt de Presle et le deuxième char de mon groupe, commandé par le MDL Tribout, étaient parvenus à se dégager et se replier dans le village; arrivés là, ils essayèrent de rejoindre l’emplacement de votre P.C. par les rues du village. En chemin, ils détruisirent 3 voitures de Dragons Portés allemandes et leurs personnels, soit environ une trentaine d’hommes et six mitrailleuses.

Arrivés au P.C., il y trouvèrent le P.C. allemand protégé par les 47mm anti-chars que nos artilleurs avaient abandonnés ainsi que leur camion plein de munitions. Nos 2 chars ouvrirent le feu sur le P.C. et les 47 y répondirent aussitôt; un de leurs obus traversa le char du S/Lt entre le conducteur et le radio. Il se produisit aussitôt à l’intérieur une chaleur intense de métal en fusion. Le S/Lt de Presle sortit par la tourelle et fut mitraillé alors qu’il se roulait dans l’herbe pour étouffer les flammes qui l’entouraient; le conducteur Doudeau et le brigadier-chef radio Haret, sortirent par la porte latérale, le visage et les mains atrocement brûlés. Une fois hors du char Haret fut blessé d’une balle au bras et Doudeau aux jambes; leur conduite au feu fut pleine de sang-froid et de courage.

Pendant ce temps, le MDL Tribout qui suivait le S/Lt ouvrait également le feu contre le P.C. allemand et ne fut pas plus heureux; un obus de 47 traversa son char et vint frapper son conducteur Lemay en plein ventre et le tua. Son char arrêté, Tribout continua son tir quand un deuxième obus de 47 traverse sa tourelle et son casque lui effleurant le cuir chevelu et le laisse evanoui au fond de son char. Un troisième obus décroche un P.P.L. qui tombe sur lui et le ranime. Aussitôt il se relève pour poursuivre son tir mais un quatrième obus le blesse de trois éclats de blindage aux fesses.

© Archives Léon Douette. Campagne de Merdorp; Somua 59

Ainsi se termine le combat engagé dans Merdorp par le deuxième peloton, que l’ordre de repli n’avait jamais atteint.

Hôpital Saint-Laurent à Liège

La photo ci-dessous est une archive exceptionnelle issue de la famille de Marcel Janssen. Elle montre les blessés de la salle 27 de l’hôpital Saint-Laurent à Liège. Marcel Janssen portant un chandail noir figure debout, adossé contre la porte au fond de la salle. Henri Tribout est également présent dans ce groupe car son nom est annoté au verso de la photo mais son identification n’est pas certaine dans la mesure où il ne nous à pas été possible de retrouver des descendants d’Henri Tribout.

Une fois sa convalescence à Saint-Laurent terminée, Henri n’échappe pas à la captivité. Heureusement il bénéficiera d’un statut de rapatriable et pourra rentrer en France vers la fin de 1941.

Retour en France

Dans le courrier ci-dessous, Henri Tribout relate à son camarade de peloton Janssen la période correspondant à son hospitalisation et à sa captivité.

Par la suite, Henri Tribout travaille dans une quicaillerie en gros, rue de Serre à Nancy, en tant que représentant-placier (directeur commercial). Il est l’époux de Germaine Vagné.


Remerciements à Jean-Jacques Vigneron et aux époux Ravet-Belin, originaires de Merdorp. Vifs remerciements également à Marguerite Janssen, fille de Marcel ainsi qu’à Jean-François Jolivalt.