Carrelet de Loisy Jean (1916 – 1940)
Lieutenant. Adjoint au commandant du 1er groupement d’escadron (Somua) André Chavardès.
Jean de Loisy est né le 14 février 1916, est bachelier “es” mathématiques il a moins de 16 ans et demi et prépare Saint-Cyr à l’Ecole de Sainte Geneviève à Versailles. Il est admis à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1937 où il rejoint la future promotion « Marne et Verdun » (124e promotion de Saint-Cyr). Rentré huitième, il sortira de sa promotion cinquante-troisième sur 380 et choisira la cavalerie.
Mobilisation
Lors de la mobilisation, il participera à la mise sur pied du 15e Régiment de Dragons portés puis, après un stage à Saumur, il est affecté au 2ème Régiment de Cuirassiers à la 3ème DLM avec lequel il connaîtra ses premiers combats en Belgique et en Flandres. Il participera à la victoire sans lendemain de Gembloux où il sera cité pour la première fois à l’ordre de l’armée ; il n’a alors que 23 ans. Les qualités de Jean de Loisy, son calme et son courage au feu étaient, dès le début de la campagne, remarqués par ses chefs : mieux que par une citation, son Colonel (Touzet du Vigier) rendra hommage à sa valeur et dira « Loisy c’est un seigneur ».
Commandant Chavardès, Jandrenouille (B), 13 mai : “Le sous-lieutenant de Loisy, mon adjoint, toujours admirable de calme et de sang-froid, porte mes indications à pied aux chars quan l’urgence s’en fait sentir, malgré les tirs ennemis”.
Commandant Chavardès : “Les grosses bombes éclatent entre les chars et sur les maisons qu’elles coupent comme à la hache. Les décombres flambent, ce qui nous oblige à nous arrêter quelques instants. Le sous-lieutenant de Loisy qui avait pris une motocyclette, la lache pour s’abriter. A son retour, il la trouve entièrement détruite et monte dans mon char” [Erik Barbanson, les 2ème et 3ème DLM, tome 1, p110]
Jean Ladouce, chef de char : “Il est 23h30. Le Capitaine met pied à terre et nous met au courant de la situation en termes émus : plutôt mourir que se rendre. La lune se montre quelques instants et nous voyons les lèvres du capitaine frémir en disant ces mots car il nous aime comme ses enfants. Soudain, le bruit d’une moto dans la nuit nous fait tendre l’oreille. Sorti de l’on ne sait où surgit le lieutenant de Loisy, il nous fait le signe de ralliement et grâce à lui nous sortons de notre impasse. dans la nuit nous passons à environ cinq cent mètres des chars allemands que nous distinguons sous les feuillages et qui, chose curieuse, n’ont pas bougé à notre approche.”
Les restes du 2ème Cuirassiers décimé après de durs combats sont ensuite évacués par Dunkerque. La traversée est mouvementée, le bateau où se trouve Loisy torpillé, mais avec des camarades il attend tranquillement du secours, en jouant au bridge (voir le naufrage du Douaisien selon Pellissier). Il ne s’attarde pas en Angleterre, rejoignant la France pour participer à des combats sur la Loire. Il ne cesse de combattre de Conches-en-Ouche jusqu’en Périgord. À Dangers, le 22 juin 1940, il est cité pour la seconde fois à l’ordre de la brigade.
Après l’armistice
Après l’Armistice, il demande la Syrie et est muté au 1er Régiment de Spahis à Beyrouth, mais quitte le régiment sans tarder pour être, sur sa demande, affecté aux Compagnies Légères du Désert. Seul chef dans son poste, chargé de la surveillance des pistes millénaires, Jean de Loisy semble avoir trouvé sa voie sur cette terre lourde d’histoire. Il est rapatrié en métropole en septembre 1941 après la dissolution de son régiment, puis rejoint l’Afrique du Nord.
campagne de libération
À la création de la 1re division blindée, commandée par le général Jean Touzet du Vigier, sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, il rejoint le 2e régiment de chasseurs d’Afrique. Il participe à la dure campagne de Tunisie et est des premiers engagements : Pichon, Fondouk, El Okbi, Hadj éd el Aioun.
Avec le 2e régiment de chasseurs d’Afrique, il débarque le 10 septembre 1944 à Sainte Maxime. L’avance vers les Vosges est rapide. Malgré la résistance ennemie, son régiment progresse vers le Rhin. Il se bat à Lure, Servance, Travenin… Lorsqu’il reçoit pour objectif éloigné « le Rhin » il s’exclame « enfin, mon capitaine, on va pouvoir faire une guerre de cavalier et foncer ».
Une Rue de Dijon porte son Nom.
Article issu de la Société d’histoire et du Musée de la ville et du canton
de Huningue. 1970