Géré Robert (1910, Bouessay – 1979, Angers)
Cuirassier, 3ème Escadron, 2ème Peloton. Conducteur de char. Equipage : MDL Petit

Conscrit de la classe 1930 / 31

Fiche matricule classique mettant en évidence :
- le temps de conscrit au 1er régiment de Chasseurs
- le passage par le Centre d’Organisation Mécanique de la Cavalerie de Fontevrault alors que la guerre approche
- L’affectation au 2ème régiment de Cuirassiers
Ci-dessous, quelques magnifiques photos datant du début des années 30 et correspondant à la période de conscription.



1940
le peloton Bron
En janvier 40, Robert Géré est muté au 2ème cuirassiers et rejoint le peloton Bron. On le voit ici, tout à droite sur la photo, au sein de ce peloton alors en instruction à Parnay. Ces hommes et ces chars connaîtront le baptème du feu à Crehen (Belgique) le matin du 12 mai 1940.

Témoignage
Le texte qui suit a été composé par Janine Cotten, fille de Robert, et illustre comment il racontait cette fameuse journée du 12 mai 1940.
Le matin, on avait servi de beaux beefsteaks saignants, très appétissants, mais qui contenaient une drogue à leur insu. Cette drogue était destinée à les « booster » et à neutraliser la peur. Ainsi, mon père avait pu tenir éveillé et rester opérationnel 48 heures d’affilée, après quoi, il s’était effondré dans un fossé. Rien n’aurait pu le réveiller.
Lors du combat, quand un char allemand s’est présenté devant eux, le chef de char, qui s’appelait PETIT, agriculteur beauceron, s’est sans doute affolé et Robert GERE de même (tous les soldats connaissent la peur au moment de combattre). Il faut dire que le chef de char était seul pour tout faire :
- il y avait un bruit infernal à l’intérieur du char, le chef de char était incapable de diriger le pilote devenu sourd, il le faisait avec une baguette.
- il devait en même temps repérer la cible à l’aide de son épiscope, approvisionner en obus et tirer.
- il était impossible de communiquer entre chars puisqu’ils n’étaient pas, comme les tanks allemands, équipés de radios. Leur chef de peloton, le sous-lieutenant Bron, agitait des fanions pour coordonner l’action de ses chars.
L’aviation ennemie ne cessait de les pilonner de façon massive. L’affolement de PETIT, chef du char a du redoubler quand il s’aperçut qu’une bretelle de la bâche qui protégeait le canon s’était coincée dans la culasse du canon, rendant l’utilisation de celui-ci impossible. Il a alors utilisé sa mitrailleuse et aspergé le char ennemi des 2400 cartouches en réserve. Le char allemand les a contournés et a envoyé un obus à l’arrière de leur char, HOTCHKISS 39, dans la fameuse bâche enroulée près du réservoir contenant 180 litres d’essence. Le char Français a pris feu, les deux occupants ont heureusement pu s’en extraire par la trappe se trouvant au plancher du char. Il devait être 9 heures ce 12 mai. Le char Allemand avait disparu, au grand soulagement des deux hommes, PETIT et GERE qui ont dû attendre une accalmie vers midi, pour rejoindre le PC de la ferme Saint-Joseph près de MERDORP.
Distinctions honorifiques
Robert Géré est cité à l’ordre de la division (Journal Officiel du 3 juillet 1941). Une telle citation s’accompagne systématiquement de l’attribution de la Croix de Guerre
Médailles de Gembloux et de Dunkerque. Reçues à Placé (Mayenne) le 25 février 1962.



Démobilisation

Démobilisé le 3 septembre 1940 par le centre de Castelsarrasin.
Rentre dans ses foyers le 10 septembre 1940
Après la guerre

Robert et son épouse Simone exercent le métier de cultivateurs à Saint-Loup du Dorat. La photo ci-dessous date de 1944. Janine (4 ans) et Nicole (2 ans) sont présentes. La famille comptera 4 enfants.
Tout au long de sa vie, Robert restera en contact avec ses frères d’armes du 2ème Cuirassiers : Louis Droux, gravement blessé au sein du peloton Geneste, ainsi que Joseph Genouel (peloton Bron). La famille retient que Droux disait souvent à Robert : “C’est grâce à toi si je suis encore en vie“.
Il rencontrait également un certain Louvaud (service de santé en 40 ?) et aurait revu au moins une fois son chef de char Petit lorsque ce dernier est venu à la ferme pour acheter des chevaux.
Remerciements chaleureux à François et Janine Cotten pour leur confiance et les émotions partagées. Merci également à la famille de Robert pour ces archives très représentatives.